[Maison Aguares][Empire] Diplomatie féminine

Ses yeux d'améthyste s'attardent sur la carrure des soldats et brillent d'un éclat lubrique. Puis elle s'avance, presque nonchalante, à travers les couloirs tortueux. A ses chevilles, ses bracelets d'argent produisent une étrange mélodie comme si le rythme qu'elle imprime à sa marche n'a rien de fortuit mais répond à quelques mystérieuses partitions. Elle progresse ainsi, lentement, de sa démarche féline si caractéristique, puis franchit cérémonieusement le seuil de la salle d'audience. A nouveau, comme sur la plateforme d'atterrissage, son regard va d'un bout à l'autre de la pièce, semblant en mémoriser les proportions ou en estimer les oeuvres d'art. Puis, faisant face à l'homme blafard qui se tient devant elle, elle sourit et s'incline gracieusement.

- Le Baron vous souhaite la bienvenue.
- Au nom de mes Seigneurs et Maîtres, sombres et terribles sont leurs méditations, moi, Armide, sicaire au service de la Maison Aguares, présente à votre puissant Baron les respects de la dynastie qui m'envoie.

"- Votre présence honore également notre Maisonnée. Il s'incline légérement. Le Baron vous attend."

L'homme désigne la table qui orne le milieu de la salle, un hologramme, représentant le Baron Von O'Sheeva, illumine la pièce. Ce dernier semble avachis sur de riches étoffes.

"- Bienvenue à vous... L'homme observe la diplomate d'un oeil critique. Je suis ravie d'accueillir, quelqu'un de si... mhmhmh ..distinguée. Ohohoh! Il laisse échapper un rire bien gras. Votre Maison reste relativement en retrait depuis longtemps, je souhaitais tisser... quelques relations entre nos deux Maisonnées... pour notre bénéfice à tous. L'imposant personnage reprend son souffle. Mais avant tout... je vous laisse me présenter votre Maison."

Elle recula avec respect de quelques pas puis fit une profonde révérence.
Quand elle se redressa, son visage de porcelaine affichait un sourire malicieux.

- C’est un immense honneur que de paraître devant vous Ô puissant Baron Von O’Sheeva. Je suis Armide, sicaire de l’auguste Maison Aguares et mandatée par mes maîtres pour recevoir vos doléances. Permettez-moi maintenant de vous transmettre le message de Sa Grâce, Shenegar Aguares, Grand Hiérophante de notre Maison.

Sur ces paroles, elle sortit de sa tunique une étrange petite sphère de métal noir qui, sous la pression de ses doigts, crépita et fut parcourue d’éclairs. Quelques cliquetis métalliques plus tard, le centre de la sphère sembla se dilater tandis qu’une projection holographique hésitante s’en échappait.

L’enregistrement dévoila tout d’abord les contours d’une salle parfaitement cubique, dont chaque paroi était composée d’un alliage métallique noir et luisant. Flottant aléatoirement, des suspenseurs, aux angles acérés, diffusaient une faible aura lumineuse violine qui semblait comme absorbée par les ténèbres de la pièce. Aucun meuble, aucune décoration, aucune porte ni ouverture. Puis soudain, un visage blafard et exsangue se découpa dans l’obscurité. Il semblait flotter, jusqu’à ce que la lumière des suspenseurs s’intensifie pour dévoiler une silhouette longiligne drapée dans une riche robe de damas noir aux broderies d’argents figurant des symboles ésotériques Sith. Une tentative de sourire déforma le visage en un rictus grimaçant tandis que les lèvres émaciées s’entrouvrirent sur les premières paroles de l’inconnu.

- Salutations Baron Von O’Sheeva. Moi, Shenegar, fils de Prytanis, descendant de Pharamond et de sa noble lignée, Grand Hiérophante de la Maison Aguares, je vous présente mes respects.

Sa voix n’était qu’un chuchotement, un susurrement froid et sans émotion. Bien qu’il s’agisse d’un enregistrement, les yeux carmins de Shenegar semblaient comme braqués sur le Baron.

- Nos familles respectives furent, paraît-il, liées il y a cela bien des siècles et nos généalogistes m’ont affirmé que nous autres Aguares, pouvions nous enorgueillirent d’avoir pris femelles parmi votre auguste lignée. A vrai dire, j’ignore si cela est vérifié, mais je vous avoue que cette perspective ne me serait pas désagréable.

A nouveau, la peau diaphane de Shenegar se tendit en une piètre tentative de sourire.

- J’ai cru comprendre que l’un de vos hérauts avait été reçu en notre Citadelle et qu’il avait fait part de votre souhait d’établir, ou de ne renouer, des relations diplomatiques entre nos deux Maisons. Considérez donc Armide comme ma plénipotentiaire. Je l’ai en effet mandaté pour traiter avec vous des contours que pourraient prendre cette alliance. J’espère que nous saurons trouver le chemin étroit de l’entente cordiale et des intérêts partagés.
Adieu Baron et puissent vos songes vous mener au plus loin du Coté Obscur.

La projection holographique vacilla puis disparut tandis que la sphère noire crépitait de nouveau. Dans une nouvelle et gracieuse révérence, Armide s’adressa alors au Baron :

- Je suis tout ouïe Monseigneur, prête à répondre à vos questions et à vos demandes.

L'imposant personnage se racle la gorge, s'agitant allégrement sur son riche matelas.

"- Ohohoh, de lointain cousins ! Sa main sort du cadre de la transmission et revient tenant une large coupelle de verre. Cela s'arrose !"

Il boit le contenu puis s'essuis la bouche d'un large geste de la main.

"- Parlez moi un peu de votre Maison, votre industrie, vos activités, j'ai hâte d'en connaître plus sur mes "cousins" !"

Le Seigneur Sith tape mollement des mains, un sourire carnassier sur le visage.

Au même instant, le serviteur jaillit d'un coin d'ombre de la salle, un plateau entre les mains, contenant des mets raffinés et exotiques, ainsi qu'un verre remplit d'un épais liquide ambré.

Sortant un éventail de nacre et d'argent moiré, elle fixe sur le barons ses petits yeux faussement rieurs et embrasés par une lueur vénéneuse.

_ Je pourrais vous parler pendant 1000 nuits, Ô Baron, de la Maison Aguares. N'est-il pas vrai que les couronnes de Corellia ceignaient jadis le front de ses fondateurs? N'est-il pas vrai que les aïeux de ceux qui m'envoient ont foulé le sol de Korriban du temps de sa splendeur ? N'est-il pas vrai qu'ils ont vu naître une à une ces dynasties à la noblesse récente et même douteuse qui se pavanent aujourd'hui, bouffies d'orgueil? - en prononçant ces dernières paroles, l'ombre fugace de la moquerie effleure son visage - N'est-il pas vrai que leur noire sapience est inégalée ?

Armide arrête là sa tirade puis reprend, mielleuse.

_ Vous l'avez dit Baron. La Maison Aguares est aujourd'hui "en retrait". Depuis plusieurs générations, les seigneurs de la Maison, guidés par la sagesse des Grands Hiérophantes, ont considéré que les affaires de ce monde n'étaient plus les leurs. Nous nous contentons désormais de servir l'Empire et nous n'affichons aucune ambition politique. Quant aux bien matériels, nous les jugeons, superflus. En résumé, Ô Baron, la Maison Aguares a tiré les leçons de la tragédie qui l'a frappa jadis et a décidé de se retirer. Mais peut-être aurez vous quelques propositions qui nous ferons sortir, ne serait-ce que modestement, de notre isolement volontaire ?

"- Humpf ! Le géant de chair se dandine sur son fauteuil d'étoffe, le temps de retrouver une position plus confortable. Mes cousins devenus des ermites troglodytes..."

Il laisse sa phrase en suspend puis reprend.

"- Comme vous le savez le Conseil Noir a choisi de proposer la paix auprès de la République Galactique. Un choix qui ne plait pas à tout le monde... Le Sith se mouche dans un pan de tissus, Tschhhh !! ...des troubles se font entendre et, il s'essuit une dernière fois...dans ces temps incertains il est utile d'avoir des alliés pour écraser toute menace. J'accepte de vous tendre la main, honorés "cousins", afin de vous aider à renforcer votre Maison face à ces évènements prochains. Nous sommes déjà bien présents sur la scène diplomatique et possèdons l'une des plus grosse exploitation d'Hyperbaride de ce système, un minerais bien important si la guerre se fait entendre afin d'approvisionner tout chantier spatial. En retour j'attend de vous quelques opportunités... ce qui n'a rien de surprenant, n'est ce pas ? De quelle tragédit fut victime la Maison Aguares ?"

Elle réprima le hoquet de dégout qui menaçait de la saisir devant le spectacle affligeant qu'offrait le baron.

_ Effectivement Baron, nous ne sommes que des ermites troglodytes rien de plus - les intonations sirupeuses de sa voix résonnaient comme une berceuse - et nous ne demandons rien, ni n'attendons rien de plus.

Elle s'éventa et les baleines curieusement acérées de son éventail s'agitèrent sous ses yeux.

_ Je m'étonne toutefois que vous ignoriez que la Maison Aguares faillit disparaître, il y a maintenant bien des siècles, lorsque Pausanias, alors Grand Hiérophante et Seigneur du Noir Conseil, fut dénoncé pour haute trahison envers l'Empereur. A la suite de cette sombre affaire, la dynastie fut quasiment décimée et il s’en fallut de peu pour que le nom de Aguares disparaisse de la mémoire des hommes. L'Empire a cet pardonné cet égarement mais vous comprendrez que nous préfèrerions désormais nous tenir à l’écart du pouvoir.

Un reflet malveillant sur ses pupilles sembla démentirent ses propos.

_ Mais vous évoquez le Traité de Coruscant négocié par les Seigneurs Noirs. Suggérez-vous que l’équilibre garanti par ce traité soit sur le point de s’écrouler et que la volonté de nos Seigneurs Noirs soit contestée ?

_ Un point de détail Baron. Si je sers comme sicaire les Seigneurs de la Maison Aguares, si je suis plénipotentiaire de son Grand Hiérophante, je ne peux prétendre que cet auguste sang coule dans mes veines. Aussi, usurperais-je mes droits si je vous laissais m'appeler "cousine". Mais laissons là cette question protocolaire et revenons à nos affaires.

Elle s'éventa à nouveaux et son puissant parfum envahit la salle.

_ Vous dites que la volonté des Seigneurs Noirs est contestée et je pense pouvoir dire que mes maîtres seraient tout prêts à se rallier à vos arguments...mais quelles sont vos assurances en ce domaine ? Avez-vous des alliés ? Et quel sera le point de non retour ?

Elle arqua ses fins et délicats sourcils et fixa le Baron.

"- Mes assurances ? Ohohoh, le Seigneur Sith éclate de rire. Nul besoin d'être devin pour savoir que la souveraineté du Conseil Noir est contestée depuis ses décisions impopulaires ainsi que des apparitions de plus en plus brèves de notre Glorieux Empereur. Les intrigues n'ont jamais été aussi nombreuses et mouvementées au sein même de l'Empire et le point de non retour sera le moment où il faudra choisir un camp... En attendant j'ai effectivement quelques bons alliés, j'organiserais une "réception" lorsque le moment sera venu, il sera alors temps de faire les présentations. Vous voilà satisfaite ?"

Le serviteur continue de fixer l'invité, son plateau toujours impeccablement présenté.

Réalisant soudain la présence du serviteur, elle contempla le plateau qui lui était proposé, regarda subrepticement la masse infecte et répugnante du Baron puis, avec un sourire contrit écarta le serviteur d'un geste de la main.

_ A vrai dire non Baron. Je doute que ces réponses satisfassent la curiosité de mes maîtres ou plutôt je doute qu'une alliance puisse être conclue sur des renseignements, vous en conviendrez, très vagues...

Elle replaça une mèche de ses cheveux et reprit.

_ Très honnêtement Baron, les quelques renseignements que nous avions ne faisaient pas état d'un tel mécontentement au sein de l'Empire. Et Après tout, nos Seigneurs Noirs qui ont négocié et voulu se traité n'ont-ils reçu mandat de notre Immortel Empereur pour mener à bien la politique de l'Empire ?

Elle allait se taire quand, inclinant légèrement la tête, elle se ravisa.

_ Bref parlons franchement Baron et cessons de perdre notre temps. Sous-entendez vous qu'une coterie hostile au Traité de Coruscant est à l'œuvre, que le Conseil Noir et les familles qu'il protège seront bientôt renversé et nous proposez-vous une place à vos cotés dans cette perspective de recomposition du pouvoir impérial ?

Ses lèvres peintes en noir dessinèrent un rictus cupide. La lionne sentait l'odeur du sang...

"- Vous voilà bien perspicace ma chère... J'espère bien que la Maison Aguares relèvera ce défi..."

L'imposant personnage boit une nouvelle gorgée de son breuvage, attendant une réponse de son interlocutrice. Le serviteur retourne dans l'ombre de la salle.

_ Encore une fois Baron, vous nous demandez de nous engager à l'aveugle? Qu'aurions-nous à gagner à sortir de notre isolement ? Qui sont vos alliés ? Et surtout qu'attendrez-vous de nous ?
Vous me jugerez sans doute prudente à l'excès mais l'histoire de notre famille me pousse à regarder avec beaucoup de circonspection ce genre de conjurations.

"- Qu'auriez vous à gagner ? Une place qui vous revient de droit, le retour sur la scène politique et l'accès au Pouvoir ! ...ce que j'attend de vous ? L'ogre se tient les mains. Mais un soutiens sans faille lorsque le moment sera venu."

Il reprend son souffle puis continue.

"- Je ne divulguerais pas le nom de nos alliés avant d'avoir reçu chaque émissaire. Vous me parliez de garantie, il me semble que cela en fait parti."

_ Vous pensez donc Baron, et ne voyez aucune impertinence dans ma question, avoir les ressources nécessaires pour renverser le Conseil des Seigneurs Noirs ?

_ Je vois...je vois...vous êtes très perspicaces Baron. Et ne croyez vous pas que votre initiative risque d'irriter notre Empereur. Ne craignez vous pas, vous et vos alliés, d'attirer sa colère sur vous. Après tout, vous conviendrez comme moi que c'est Lui qui, dans sa grande sagesse, a confié les "clefs" de l'Empire à son Conseil.

"- Cela restera notre... petit secret... mmmh ? Le Sith fait un large sourire à la diplomate en se frottant les mains. De plus... je crains que l'Empereur ne s'en tire pas indemme... Cela serait une véritable tragédie. Ohohoh"

Son regard se voila...imperceptiblement...une fraction de son seconde.
Puis elle s'inclina devant le Baron.

_ Bien. Je ne manquerai de transmettre à ceux qui m'envoient la nature de votre proposition. Bien évidemment, nous serons sans doute amener à nous revoir. A moins que notre Hiérophante décide lui-même de mener plus loin ces négociations.
Permettez-moi donc de me retirer Ô Baron.

"- Je vous remercie de votre déplacement, Diplomate Aguares, une navette vous attend sur l'aire d'atterrissage. Dites à votre Hiérophante que son "cousin" le salut. Au revoir."

La connection holographique se coupe, le serviteur revient dans la lumière, nulle trace du plateau.

"- Je serais votre guide jusqu'à l'embarquement, l'équipage est déjà prêt mais peut être désirez vous vous reposer avant le départ ? Dans ce cas là des quartiers vous seront attribués."

_ Ce ne sera pas nécessaire merci. Veuillez m'accompagner jusqu'à la navette, il me tarde de retrouver mes maîtres.

"- Comme vous le désirez, il s'incline légérement, suivez moi."
L'homme conduit la Sicaire le long des tortueux couloirs de la Citadelle jusqu'à la piste du Spatioport. L'équipage est déjà prêt au décollage, les données de vol enregistrées.

Le capitaine de la navette vient saluer la diplomate pendant que le serviteur prend congé.

"- Nous pouvons y aller, nous n'attendions que vous."

HRP : La suite et fin est [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Merci pour ce bon moment RP passé avec vous. J'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres.

HRP : Au plaisir, ce fut agréable.